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✝ Gloom in Bloom IV ✝
1 juillet 2011

...Et omnia vanitas.

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In Varo Virtus
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« - Mais regarde-les, cria-t-il, et salue-les donc, et bave-leur donc ton admiration et ta reconnaissance! À cause de ce qu'ils te font penser de toi-même. Puisque te voici, grâce à eux, un homme si content de soi! Si content d'être un homme! Si content d'être une créature tellement précieuse et estimable! Oh! oui : remplie de sentiments poétiques et d'idées morales et d'aspirations mystiques et tout ce qui s'ensuit. Nom de Dieu, et des types comme toi et moi nous lisons ça et nous nous délectons et nous nous disons : ''Nous sommes des individus tout à fait sensibles et intelligents''. Et nous nous faisons mutuellement des courbettes et nous admirons réciproquement chacun de nos jolis cheveux coupés en quatre et nous nous passons la rhubarbe et le séné. Et tout ça, qu'est-ce que c'est? Rien qu'une chiennerie, une chiennerie à vomir! Ce qu'il est, l'homme? La plus salope des créatures! La plus vile et la plus sournoise et la plus cruelle! Le tigre, le crocodile? Mais ce sont des anges à côté de nous! Et ils ne jouent pas de plus au petit saint, au grave penseur, au philosophe, au poète! Et tu voudrais que je garde tout ça sur mes rayons? Pour quoi faire? Pour, le soir, converser élégamment avec Monsieur Stendhal, comme jadis, avec Monsieur Baudelaire, avec Messieurs Gide et Valéry, pendant qu'on rôtit tout vifs des femmes et des gosses dans une église? Pendant qu'on massacre et qu'on assassine sur toute la surface de la terre? Pendant qu'on décapite des femmes à la hache? Pendant qu'on entasse les gens dans des chambres délibérément construites pour les asphyxier? Pendant qu'un peu partout des pendus se balancent aux arbres, aux sons de la radio qui donne peut-être bien du Mozart? »

Vercors, L'impuissance


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Hé bien oui... Oui... Il était écrit que je devais poursuivre ma croisade universitaire au sein de l'éternellement glorieux Lycée Faidherbe de Lille - ainsi, en septembre  2011, j'irai danser au bal du Concours des ENS dans mon bel habit de khâgneuse, tout de sang et de sueur brodé...

Et putain d'bordel que c'était pas gagné.

Bref, j'aime me faire désirer, et c'est donc en juillet que j'annonce solennellement mon admission en Khâgne Lyon, option cinéma. (Ca ne vous intéresse pas? Vos gueules, c'est moi qui parle.) Sous contrat. Fatalement. Avoir décidé de prendre un congé sans solde en milieu d'année n'a pas joué en ma faveur lors du conseil de classe... Mais enfin, encore une fois, j'ai le cul bordé de nouilles Karma ne m'abandonne jamais vraiment.
Je suis rassurée pour le moment. On s'y sent bien, en fait, à l'intérieur de ce vase clos que l'on nomme (Grandes) Études Littéraires, dans lequel nagent les batraciens de la culture, des têtards éduqués par des grenouilles érudites. Une bulle sécurisante pour admirer la beauté du monde sans trop s'y frotter... Apprendre le potentiel de destruction de l'humanité en se nourrissant de ses créations. Toucher du doigt l'absurde de l'existence, au travers des rouages d'un raisonnement implacable. User des mots pour crier que les mots sont creux. Le passage de Vercors sur la littérature m'a fait rire... C'est une belle mascarade, moi ça ne me gêne pas d'en faire partie. (Edit : j'ai reçu ma bibliographie en littérature et je chante le requiem de ma vie sociale.)

En dehors de ce détail, à vrai dire, les choses vont... laborieusement. Une lutte de territoire s'est engagée entre mes parents et moi ; ils veulent louer la chambre que j'occupe. J'en ai suffisamment écrit sur ma mère. Mon père cache mieux son jeu, mais n'est pas beaucoup plus stable - et il m'aura fallu dix ans pour l'admettre. Ils me mentent, et se mentent entre eux, par omission, en éludant ou en délirant complètement. Je vis avec deux bombes à retardement et cette situation m'épuise. Physiquement et mentalement. C'est dit, je craque. :) C'est l'une de ces périodes où je suis seule parmi mes meilleurs amis comme au coeur d'un désert. Enfin. C'est à force de traverser la Sibérie que je finirai par savoir qui je suis, dans les grandes lignes.

Prochainement sur l'internet : La Déterrée se perce hardiment les esgourdes, La Déterrée se tatoue pour mettre en valeur ses biceps virils, La Déterrée ne retourne finalement pas en Suède (pas tout de suite...), La Déterrée se teint les cheveux d'une couleur improbable, La Déterrée est en retard sur ses fiches, La Déterrée cuisine veggie, La Déterrée a un mec (tadaaah), La Déterrée chez les Picaros et bien entendu, La Déterrée au Congo.



La reine n'a plus de peuple.
La reine n'a plus de royaume.
Tout l'afflige et l'ennuie et conspire à lui nuire.
La reine est morte, vive la reine!
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Commentaires
L
Ma prof de litté d'hypokhâgne nous a dit un jour : "Quel que soit le contexte, méfiez-vous de l'obsession pour la pureté".<br /> Même si j'ai en général tendance à penser que l'humanité se sclérose avec le temps (Venin Intemporel, Rouille Universelle, Satan - etc), l'idée de "pureté" supposerait qu'il y a une Instance Supérieure qui a décrété où se situaient le bien et le mal... Et ça, c'est une idée que je n'accepte plus : elle nous a été inculquée par des siècles de judéo-christianisme, elle est culpabilisante et stérile. Je ne suis pas sûre non plus que l'on devienne jamais un "pur esprit". On retourne à la terre, à la force vitale universelle, c'est le cycle organique. Mais est-ce que c'est lié à une notion de "pureté"? Je ne pense pas...<br /> Et il faut dire que c'est beaucoup plus simple pour les animaux. Ils ont en fait moins l'opportunité que les hommes de détruire et de se détruire.
L
Putain, ton intro me fout le bourdon; hier soir je me flagellais mentalement pour n'être qu'une vile humaine. J'en étais à me dire que mon lapin nain étais bien pur à côté de moi et que je ne méritais pas sa fidélité et son affection. Vivement que je devienne un pur esprit.
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